elle est où maman ? une vingtaine d'année le sépare de cet enfant, mais k se souviendra toujours de ce moment. homme ne se souvient plus des traits du visage de cette femme, de sa voix. ne se souvient même pas ce que ça fait d'être bercé, cajolé. aimé. y a juste ce moment à jamais gravé dans sa mémoire, comme pour se convaincre qu'elle a existé. il se souvient des prunelles de son frère, alarmé. qu'est-ce que tu sais ? il se souvient avoir été tellement concentré sur le visage de son aîné qu'il ne l'a pas vu arriver. a juste senti les coups assenés, les marques laissées sur son corps. jusqu'à ce qu'il n'arrive plus à respirer. ne parle plus jamais d'elle. menace prise au sérieux, alors les deux garçons l'ont rapidement oubliés. sans jamais réellement savoir ce qui lui est arrivée. au fond d'eux, ils savaient qu'elle a cessé de respirer ce jour-là.


gamin a déjà appris comment survivre dans cette maison. chaque jour apporte de nouveaux supplices. punitions deviennent plus créatives. gamin observe le comportement de son père. chaque mouvement et changement de ton dans sa voix est analysé. est-ce que je suis en danger ? pas pour l'instant. regard humide, gamin a la nausée. je veux rentrer. il reste droit, le visage fermé. surtout ne pas bouger, ne pas respirer. sinon la colère de son père pourrait se déverser sur lui. l'aîné plus habitué, complètement blasé. le regard vide, comme si on avait fini de le briser. le plus petit lui prend sa main, serre ses phalanges avant de les relâcher. avant qu'on ne le voit faire. parce que ça aussi, pourrait énerver l'padre. chaque inspiration pourrait provoquer une nouvelle vague de colère. alors il se taisent, restent plantés là. c'est ce qui arrive aux traîtes, vous comprenez ? l'homme est assis dans une marre de sang, devant le môme. la victime supplie, négocie. môme ne réagit pas, mais au fond il est terrifié. s'interdit de trembler. il aimerait juste l'aider, son corps entier lui hurle d'intervenir. coup de feu retenti. bruit sourd lorsque le corps heurte le plancher. vous ne deviendrez pas des hommes tant que vous n’aurez pas tué. gamin sent la bile monter dans sa gorge. coeur bat à s'en briser les côtes, larmes se déversent le long de ses joues. ne respire pas. ne respire pas. sauf que le père, il a vu la faiblesse en lui. tu es en danger.


père est obsédé par l'idée de rendre les deux morveux plus forts. tu n’es pas un homme tant que tu n’as pas tué je voudrais juste me sentir en sécurité. gamin a cessé de croire aux monstres sous son lit. il y en a un beaucoup plus dangereux, réel dans sa vie. il a arrêté le môme, de croire qu'il y a plus que la mafia. gamins n'ont pas d'amis, personne envers qui se confier. seuls contre le démon. môme est né dans cet enfer, crèvera sûrement ici-bas. déjà certain qu'il n'en sortira pas vivant. il y a des conséquences, mon garçon. treize ans, mais le môme a déjà trop vu. trop vécu. collection de cicatrices sur son dos ne cesse de s'accroître. preuve de sa faiblesse. véritable badge au déshonneur lorsque on frère semble briller dans l'organisation. ils se sont éloignés, lorsque son aîné s'est immolé pour un mirage. gamin refuse de devenir un monstre sans pitié. a simplement cessé de pleurer lorsqu'il a compris que les larmes ne font qu'accroitre les souffrances. il se tient droit, ne cédera pas sous les assauts incessants. guerrier est fait d'un matériel différent. se plie, mais ne se brise pas. gamin attend, se terre dans un monde imaginaire. univers fait de mélodies capables de faire taire les bruits, le prend entre ses bras pour le calmer. alors il ferme les yeux pour s'échapper là où personne ne pourra le blesser.


voix gronde comme la tempête, l'ouragan. môme est devenu grand, capable de se défendre à présent. visage tuméfié, mais il se bat au lieu d’encaisser les coups. dos rempli des marques de sa colère, de sa haine. insolence au bord depuis ses lippes depuis des mois déjà, mais cette fois seul l’un d’eux survivra. certitude lorsque k n’a plus peur de crever, a trop encaissé les coups sans bruit. les mots de son père ancré dans sa cervelle. tu ne deviendras pas un homme tant que tu n’auras pas tué. dans ce cas, je ferais de ton cadavre mon premier trophé. lame ensanglantée se plante dans la jugulaire. phalanges se serrent sur sa gorge un peu plus, laisse des marques bleus sur sa peau nacrée. monstre finit par tomber. gamin était terrifié avant, mais plus maintenant. se rend compte que la peur a servi à le contrôler. et maintenant il est libéré.


seize ans et il s'est envolé. gamin a brûlé son identité, fait en sorte d'oublier. gamin utilise ses connaissances et l'argent volé pour se cacher. fuir au plus loin. cinq ans se sont envolés, la vie dont il a rêvé commence lentement à prendre forme. bonheur est juste là au bout de ses doigts, il pourrait presque le goûter. sauf que k n'arrive pas à se détendre, comme un animal traqué. il y a des conséquences, mon garçon. voix de son père ne cesse de retentir dans sa cervelle éclatée. alors il a commencé à frapper sa batterie jusqu'à se briser, jusqu'à ce qu'il n'entende plus les fantômes de son passé. aimerait pouvoir se convaincre d'être dans une nouvelle réalité, mais une partie de nuit est resté coincé dans cette maison à rapture. il y a des conséquences lorsque l'on quitte la mafia, mon garçon. les mots sont tatoués sur son dos. sauf que k garde espoir toutes ces années. il s'est caché, a rampé pour leur échapper. peut-être que son frère l'a protégé. peut-être qu'il n'a simplement jamais été assez important. peut-être qu'ils finiront par le chercher.


homme a du mal à s'adapter. créature sursaute sous les toucher, coeur tombe dans son estomac lorsqu'il voit, entend des sosies des fantômes qu'il connaissait autrefois. terreur ne cesse de ronger les cellules de son corps. k a du mal à se concentrer sur l'instant présent, les gens. garde le silence lorsqu'il n'a jamais été habitué à utiliser sa voix. il sourit légèrement lorsqu'il entend les gens se plaindres de futilités. il les envie, aimerait pouvoir partager. se retrouve dans l'embarras lorsqu'on lui parle de son enfance. plus facile d'éviter les intéractions sociales, que de répondre. k, tu sais que tu passes pour un gros con ? le sombre hausse les épaules, se tourne vers sa batterie pour exorciser ses maux. concerts comme un doigt levé lorsqu'il déclare ne plus avoir peur. venez me chercher. cauchemars viennent pourtant encore le hanter. cacophonie devenu le seul moyen de ne pas penser au sang, aux cris. images sont brûlées derrière ses prunelles, alors il reste éveillé. frappe l'instrument jusqu'à s'en épuiser. chez lui, sur scène. partout où il en a l'opportunité. musique utilisée comme échappatoire dans un monde où rien ne peut le toucher.